JEAN-PAUL BERTRAND

Avant propos
Michel et le sacré aujourd’hui



Le temps nous propose la Rencontre. Ce qui apparaît comme similitude ou pire comme hasard n’est que la cécité auprès des signes constitutifs de la vie dans sa réalité permanente.

Il est donc important de relever le point focal qui réunit par la volonté du destin Michel Camus et ce sujet.

Michel était poète. Mais être poète, c’est écrire mieux que la poésie, c’est vivre debout parmi les tempêtes et pulser par le cœur l’encre vitale de son sang imprimé.

Michel était éditeur, ce qui me permet de fraterniser au-delà des mots, seulement par le regard, telle une compréhension non-dite.

Michel avait tenu, malgré l’approche du passage qu’il soupçonnait, à venir à la dernière réunion du Groupe 21. Groupe dont il était le scribe et l’âme. Nous l’avons dissuadé et il m’écrivit la souffrance de n’être pour la première fois point au rendez-vous. Mais il tenait à manifester son sens de ce sujet capital : Le sacré aujourd’hui. Par son esprit non dépourvu d’humour et sa spiritualité naturelle et attachante, il contribua au développement de notre groupe. Comprenant immédiatement l’importance de cette « folle » tentative dans l’esprit de la « folle journée ».

En méditant sur son départ et malgré la tristesse insupportable manifestée au Père-Lachaise, je trouvais que Michel nous avait une dernière fois proposé un signe.

En effet, témoigner du sacré aujourd’hui, c’est comprendre, accepter et accompagner Michel dans sa mort. Mieux par et à travers sa mort. Il vous rappelle, en effet, le grand thème initiatique et permanent de la vie. Sa mutation incessante.

Car la mort n’existe pas. Sauf dans sa perception individuelle. Et c’est pourtant celle-ci qui va nous permettre de comprendre la sacralité de la vie. Le Sacré aujourd’hui est le même qui est proposé depuis la création de l’Univers. Tel un don d’Amour absolu. Et s’il y a une perception du sacré aujourd’hui sa cause est intemporelle car consubstantielle à la vie.

Dans ce sens, Michel nous rend ce sujet triomphant. En gloire. Il ponctue un chemin pour mieux en préparer un autre et nous interpelle sur ce qui est le plus essentiel pour notre carnation.

Ces textes auraient dû être rassemblés par lui. Mais il fait ici encore œuvre de transmission, lui qui est maintenant de l’autre côté du mystère.

À l’occasion de cette « célébration », nous proposons une forme qui se veut être plus livre que revue. Encore une métamorphose. Michel aurait aimé cela en tant que complice, secrétaire et éditeur.

Selon la tradition égyptienne lorsqu’un Pharaon mourrait, il devenait paraît-il une étoile. Ce soir, après la lecture de ces « chants » proposés par les participants, il est peut-être possible de regarder le ciel d’une façon nouvelle et d’y repérer une jeune lumière, humble et flamboyante, haute et si proche de nous. Cette nouvelle étoile cligne malicieusement pour nous rappeler ce qui est fondamental et nous appeler lentement vers le sillon sacré à la suivre pour « l’amour de l’amour », si cher à maître Eckhart.

Jean-Paul Bertrand


Bulletin Interactif du Centre International de Recherches et Études Transdisciplinaires n° 17 - Mai 2004

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